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2周前
简介...
2025年11月24日星期一,潘浮力在巴黎高师举行了博士论文答辩,结束了他为期六年的,对普鲁斯特文本的研究,留下一本四百页的论文,和一间被普鲁斯特周边全面侵占的房间。
刚刚成为博士的他,在被转瞬即逝的兴奋和快乐如梦似幻地抛到天上之后,迅速坠落了。短短几个小时后便陷入了巨大的、难以被命名的空虚:过去的生活秩序已被抽空,未来迎面展露出难以招架的嘴脸——旧的已成过去,新的尚未来临。
在博论答辩六天后,三位主播为潘浮力聚在一起录制了这期“话疗”节目,讨论了这六年的博士时间里,潘浮力如何体验、如何认识自己经历的一切,又是如何看待现在这个,成为了博士的自己。
对于潘浮力来说,在这个被架空的时间里,他所面临的是课题是一次告别与哀悼,也是一次重启和重生。
读博这个决定究竟意味着什么?读博结束的这个节点又意味着什么?以及更现实的——攻读看似没用的文学博士学位,对个人意味着什么。
对于“小镇做题家”而言,这是怎样的一段心路历程?
“欢迎来到可能性的荒原”。
附潘浮力博士答辩最后一段:
Épilogue
Pour finir, permettez-moi d’ajouter une touche plus personnelle en ce moment solennel. Je voudrais expliquer ce que cette aventure du doctorat signifie pour moi.
Toute ma vie, on m’a appris à atteindre — ou à attendre — de bonnes réponses. J’ai longtemps vécu avec l’idée qu’il existe toujours un corrigé, un modèle infaillible. J’ai passé six ans en pensionnat, au collège puis au lycée, une sorte de couvent, à la discipline quasi militaire, fait pour fabriquer des machines à réussir le bac, dont les notes conditionnent l’accès à l’université. Et je suis entré dans l’une des meilleures universités de Chine. Mais même en licence de littérature, le système ne s’est pas révélé moins rigide ; il fallait classer les courants, ranger les auteurs dans des cases, mémoriser des définitions pour l’examen, puis les oublier aussitôt.
À force d’attendre les bonnes réponses, je croyais que tout, dans la vie, avait un corrigé. Et j’ai commencé à craindre l’erreur, l’échec — jusqu’au moment où cette routine n’a plus tenu, face au décalage entre ce parcours balisé et l’épanouissement personnel. Jusqu’au moment aussi où j’ai compris que j’avais une voix minoritaire : sexuellement, et plus tard en France, ethniquement. Je ne correspondais pas à la bonne réponse. Je ne suis pas la bonne réponse.
S’est ouverte alors une crise de moi-même, et, concomitamment, une crise du sens de la littérature. Si ce n’est pas pour cocher la bonne réponse, quelle est alors la valeur de la littérature ?
Le doctorat – cette thèse – a marqué un tournant. Six années comme un luxe : un incroyable ralentissement du temps qui m’a permis de revoir mon propre passé, le temps perdu. D’où l’importance, pour moi, de questionner la réception de Proust en Chine : un dialogue critique avec cette force de classement que j’avais intériorisée, avec ce « flux de conscience » que j’avais accepté comme évidence. D’où l’importance aussi de la traduction : il n’existe pas de corrigé en traduction ; le texte bouge, se renouvelle, cherche sa survie.
Sur le terrain encore peu exploré en Chine de l’homosexualité proustienne, j’ai pris le temps d’interroger, de réfléchir, de demander pourquoi. Et, pour la première fois, j’ai étudié pour moi-même. La (R)echerche m’a dessillé les yeux ; elle m’a aidé à comprendre le réel, et aussi à mieux me comprendre.
Voici pourquoi cette recherche manifeste mon désir de donner du sens à la circulation entre deux temps, deux langues et deux cultures que rendent possibles la littérature et la traduction. Je pense souvent à cette formule allemande : Muss es sein ? Es muss sein ! — « Le faut-il ? Il le faut ! » et si je devais refaire ce parcours, je ne le referais pas autrement.
Durant ces années, je pense être devenu une meilleure personne. Ainsi, malgré les insuffisances, les lacunes, les fautes, je suis fier de présenter ce résultat pourtant imparfait. À la fin du Temps retrouvé, Proust écrit que « le Temps cherche des corps », formule qu’Anne Simon a mise en lumière. La thèse que je vous soumets très humblement est le corps de cette recherche temporelle, de ma propre traversée du temps.
刚刚成为博士的他,在被转瞬即逝的兴奋和快乐如梦似幻地抛到天上之后,迅速坠落了。短短几个小时后便陷入了巨大的、难以被命名的空虚:过去的生活秩序已被抽空,未来迎面展露出难以招架的嘴脸——旧的已成过去,新的尚未来临。
在博论答辩六天后,三位主播为潘浮力聚在一起录制了这期“话疗”节目,讨论了这六年的博士时间里,潘浮力如何体验、如何认识自己经历的一切,又是如何看待现在这个,成为了博士的自己。
对于潘浮力来说,在这个被架空的时间里,他所面临的是课题是一次告别与哀悼,也是一次重启和重生。
读博这个决定究竟意味着什么?读博结束的这个节点又意味着什么?以及更现实的——攻读看似没用的文学博士学位,对个人意味着什么。
对于“小镇做题家”而言,这是怎样的一段心路历程?
“欢迎来到可能性的荒原”。
附潘浮力博士答辩最后一段:
Épilogue
Pour finir, permettez-moi d’ajouter une touche plus personnelle en ce moment solennel. Je voudrais expliquer ce que cette aventure du doctorat signifie pour moi.
Toute ma vie, on m’a appris à atteindre — ou à attendre — de bonnes réponses. J’ai longtemps vécu avec l’idée qu’il existe toujours un corrigé, un modèle infaillible. J’ai passé six ans en pensionnat, au collège puis au lycée, une sorte de couvent, à la discipline quasi militaire, fait pour fabriquer des machines à réussir le bac, dont les notes conditionnent l’accès à l’université. Et je suis entré dans l’une des meilleures universités de Chine. Mais même en licence de littérature, le système ne s’est pas révélé moins rigide ; il fallait classer les courants, ranger les auteurs dans des cases, mémoriser des définitions pour l’examen, puis les oublier aussitôt.
À force d’attendre les bonnes réponses, je croyais que tout, dans la vie, avait un corrigé. Et j’ai commencé à craindre l’erreur, l’échec — jusqu’au moment où cette routine n’a plus tenu, face au décalage entre ce parcours balisé et l’épanouissement personnel. Jusqu’au moment aussi où j’ai compris que j’avais une voix minoritaire : sexuellement, et plus tard en France, ethniquement. Je ne correspondais pas à la bonne réponse. Je ne suis pas la bonne réponse.
S’est ouverte alors une crise de moi-même, et, concomitamment, une crise du sens de la littérature. Si ce n’est pas pour cocher la bonne réponse, quelle est alors la valeur de la littérature ?
Le doctorat – cette thèse – a marqué un tournant. Six années comme un luxe : un incroyable ralentissement du temps qui m’a permis de revoir mon propre passé, le temps perdu. D’où l’importance, pour moi, de questionner la réception de Proust en Chine : un dialogue critique avec cette force de classement que j’avais intériorisée, avec ce « flux de conscience » que j’avais accepté comme évidence. D’où l’importance aussi de la traduction : il n’existe pas de corrigé en traduction ; le texte bouge, se renouvelle, cherche sa survie.
Sur le terrain encore peu exploré en Chine de l’homosexualité proustienne, j’ai pris le temps d’interroger, de réfléchir, de demander pourquoi. Et, pour la première fois, j’ai étudié pour moi-même. La (R)echerche m’a dessillé les yeux ; elle m’a aidé à comprendre le réel, et aussi à mieux me comprendre.
Voici pourquoi cette recherche manifeste mon désir de donner du sens à la circulation entre deux temps, deux langues et deux cultures que rendent possibles la littérature et la traduction. Je pense souvent à cette formule allemande : Muss es sein ? Es muss sein ! — « Le faut-il ? Il le faut ! » et si je devais refaire ce parcours, je ne le referais pas autrement.
Durant ces années, je pense être devenu une meilleure personne. Ainsi, malgré les insuffisances, les lacunes, les fautes, je suis fier de présenter ce résultat pourtant imparfait. À la fin du Temps retrouvé, Proust écrit que « le Temps cherche des corps », formule qu’Anne Simon a mise en lumière. La thèse que je vous soumets très humblement est le corps de cette recherche temporelle, de ma propre traversée du temps.
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空空如也
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